Camus, après un long voyage solitaire, venait d'aboutir à la destination qu'il s'était fixée, en l'occurence la contrée sibérienne, là où tout avait commencé pour lui dans sa vie de chevalier. Bien sûr, il avait dû quitter précipitamment la réunion se tenant en l'autel sacré d'Athena, mais il avait été guidé par une force invisible, presque indicible pour lui-même. Il avait cru qu'il s'agissait là d'une vague impression, mais il en allait tout autrement. En effet, le petit village jouxtant son site d'entraînement avait été victime de graves tempêtes de neige ces derniers temps, l'occasion pour lui de se rappeler au bon souvenir des villageois et de mettre son talent au service du bien communautaire. Repoussant les rafles venteuses par vagues, il les stabilisa ensuite en les repoussant depuis un dôme de glace l'entourant. Au final, c'est l'atmosphère entière qui s'en trouvait modifiée, les villageois pourraient à nouveau respirer un air pur et frais et Camus n'aurait plus aucun souci à se faire pour eux.
Le chef du village l'invita à se reposer et à se sustenter chez lui, mais Camus n'étant pas très bavard, leur échange se composa de quelques phrases assez brèves. Bien plus que les autres chevaliers, Camus n'avait pas besoin de grandes phrases pour comprendre ou se faire comprendre, aussi était-il normal que cette image qu'il avait cultivée de lui depuis belle lurette ne se modifie pas en un claquement de doigt. Actuellement, il était extrêmement difficile de déceler en lui un quelconque sentiment, Camus ayant dépassé depuis bien longtemps maintenant le stade des émotions. Le village, qui avait pourtant prévu de festoyer en son honneur, se résolut donc à se coucher de bonne heure, non sans avoir porté à son héros la gloire qui lui était dûe. Camus, lui, ne trouvait pas le sommeil et sortit en pleine nuit, toujours vêtu de son armure. Il traversa les divers pics de glace et évita habilement les crevasses, pour finalement se retrouver en contrebas, là où gisaient trois croix plantées dans le sol. Camus prit alors son casque sous le bras et se mit à parler à vois basse. Deux des tombes étaient celles de ses parents, la troisième étant celle de son maître d'autrefois. Il y avait bien longtemps qu'il n'était pas venu se confier à eux. Et pourtant, il était là. Son visage ne dénotait aucun sentiment, chose habituelle, mais on put apercevoir de fines larmes couler depuis ses yeux.
" Père ... Mère ... Sensei ... Comment allez-vous ? Comme vous le voyez, je suis revenu du royaume des morts afin de poursuivre ce destin pour lequel vous avez tant donné, jusqu'à sacrifier vos vies. Je ne sais toujours pas si la valeur de celle-ci était équivalente à mon destin, mais il est certain que je me bats, aujourd'hui encore, pour l'accomplir. Ce serait diaboliser votre mort que de prétendre combattre pour vous. Aussi ai-je inculqué cet art à mon disciple Hyoga. Et je me demande pourquoi mon heure n'est pas encore venue, ce que j'ai encore à accomplir. Servir Athena et la paix sur Terre, certes. Mais Hyoga n'a-t-il pas prouvé être digne de l'armure d'or du Verseau ? Quel sens revêt mon retour sur Terre en cette époque ? "
Camus restait là, figé, portant fièrement son casque sous le bras tandis que sa cape tanguait au gré d'un léger blizzard ne semblant pas lui porter préjudice. Il avait l'air très calme et inexpressif, les larmes ayant séché depuis longtemps. Ces questions, il les avait bien plus posées pour lui-même que pour y trouver des réponses. Il pensait sans doute y répondre ici où tout avait commencé.
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